Marion Bataillard présente un nouveau cycle de peintures mêlant architecture et danse, où l’urbanité transfigurée et les corps en mouvement se conjuguent dans une explosion de couleurs vibrantes. Ses œuvres mettent en scène des figures humaines aux gestes intrigants et polysémiques, dont les expressions faciales captivent et interpellent. Les visages, parfois grimaciers comme dans la peinture néerlandaise du siècle d’or, semblent être les véritables sujets des tableaux.
L’architecture brute et rudimentaire, symbole de l’époque contemporaine, sert de toile de fond à ces scènes. Dans « Place de la Réunion », le bâti urbain évoque la Cité, lieu de notre existence politique, illuminé par une lumière mystique symbolisée par une perforation dans le panneau central. Ce cadre mystique rappelle une version altérée du réalisme soviétique, imprégnée d’une dimension presque science-fictionnelle.
Marion Bataillard ne se contente pas de réactualiser des thèmes historiques. Son art, influencé par des processus imprévisibles comme la technique de la tempera, évolue vers des couleurs plus pigmentées et franches. Des œuvres comme « Travail de l’ombre » lient l’abstraction minimaliste américaine des années 1960 à la tradition de la peinture d’église de la Renaissance.
Sans parodier ni pasticher, ses peintures naviguent entre des réalités disparates, mêlant l’antique au contemporain, le grave au drôle, et l’eros à l’agapè. Chaque tableau invite à une expérience visuelle où le chaos et la diversité de la vie se ressentent pleinement.
BATAILLARD Marion, La Vie sur terre, texte de Marion ZILIO, ENd Éditions, 2020,